Gelée Royale: un aliment précieux
Un peu d’histoire…
Les plus anciens textes suggérant un usage de la gelée royale remontent en Europe, à l’Antiquité grecque: selon certains hellénistes, l'”ambroisie”, le nectar conférant leur immortalité aux dieux de l’Olympe, était entre autres composée de miel et de cette gelée. Dans l’Egypte des pharaons, la gelée, probablement utilisée comme cosmétique, comptait dit-on parmi les produits de beauté prisés de la reine Cléopâtre. En Asie, la gelée est utilisée depuis des millénaires et elle était notamment collectée par des apiculteurs associés aux jardins de l’Empereur de Chine.
Pour autant, ce n’est qu’au XVIIème siècle, lorsque des naturalistes observèrent le fonctionnement des colonies d’abeilles, que sa singularité commença à se dévoiler. Jan Swammerdam (1637-1680), naturaliste néerlandais connu pour avoir découvert le microscope, décrivit la pratique du nourrissement spécifique des larves destinées à donner des reines chez les abeilles. Dans ses Mémoires pour servir l’histoire des insectes (volume VI, 1740), René-Antoine de Réaumur (1683-1757) évoqua en détail ce nourrissement et associa ses qualités à la croissance exceptionnelle de la reine. En 1770, le naturaliste allemand Adam Gottlob Schirarch (1724-1773) montra que les reines et les ouvrières se développaient à partir de larves initialement identiques. Son collègue suisse François Hubert (1750-1831) distingua le régime alimentaire des larves ouvrières de celui des futures reines et il fut probablement le premier a employer le terme de “gelée royale” en 1792, soulignant ainsi la fonction particulière de cette substance.
Dans les années 1850, le Révérend Lorenzo Langstroth (1850-1895), “père” de l’apiculture américaine, proposa de la commercialiser pour améliorer le revenu des apiculteurs.
Une trentaine d’années plus tard, le chimiste suisse Adolf von Planta (1820-1895) montra que la composition chimique de la nourriture des larves des ouvrières ou des faux-bourdons et celui de la reine différait au fil de leur évolution et que la reine était nourrie au stade larvaire comme adulte avec de gelée royale pré-digérée.
On constata par la suite que la nourriture de la reine était plus riche en protéines et acides gras que la nourriture des larves d’ouvrières. En pratique, l’usage de la gelée royale ne se popularisa toutefois guère dans les pays occidentaux qu’à partir des années 1960.
Quelle est l’origine de la Gelée Royale?
Contrairement au miel, la gelée royale n’a pas une origine végétale. Elle est sécrétée par le système glandulaire céphalique des ouvrières occupant les fonctions de nourrice (glandes hypopharyngiennes et mandibulaires).
Variant avec l’age de ces abeilles, le développement de ces glandes commence lorsqu’elles ont 3 jours; elles libèrent les premières secrétions à compter du 6ème jour, puis elles synthétisent les enzymes indispensables à la production de gelée à compter du 9ème jour pour s’atrophier vers le 15ème jour. La production de gelée y est conditionnée par une protéine jouant un rôle physiologique déterminant, la vitellogénine, dont la synthèse est optimisée par un régime riche en pollen diversifiés.
La gelée royale constitue la nourriture des larves d’ouvrières et des faux-bourdons (mâles de la colonie), de leur éclosion jusqu’au 3ème jour de leur existence (elles sont ensuite nourries par les régurgitations des ouvrières riches en pollen fermente). Surtout, elle constitue la nourriture exclusive des larves destinées à livrer des reines, jusqu’au 5ème jour de leur développement. lorsque la cellule, contenant alors 200 à 300 mg de gelée, est operculée par les ouvrières. C’est cette gelée qui oriente l’évolution d’une larve d’ouvrière semblable à toutes les autres en une larve plus grosse d’ou émerge une abeille reines, qui mesure 18-20mm de longueur (12-15mm pour une ouvrière), vit plus longtemps (5-6ans contre 45 jours en moyenne!) et, surtout est fertile (elle pond entre 2000 et 3000 œufs par jour tout au long de son existence). Enfin, la gelée constitue l’unique nourriture de la reine adulte, sa vie durant.